L’événement Champs de bataille se déroule chaque année sur les Plaines au début du mois de septembre. C’est l’occasion de venir découvrir des animations historiques qui vous font connaître de nombreux pans de l’histoire de Québec de même qu’un campement qui évoque la vie militaire aux siècles passés. En 2025, la thématique « Québec assiégée » met en scène des régiments qui ont été présents à Québec du 17e au 19e siècle, qui ont servi autant les couronnes française que britannique de même le Congrès continental américain et qui ont participé à de nombreuses campagnes différentes. Découvrez ici l’histoire de quelques régiments qui seront personnifiés par des reconstituteurs lors de cet événement.
Régiment de Guyenne (1684-1762)
Régiment de l’armée française créé en 1684, son nom rappelle une région du sud-ouest de la France. C’est le 2e bataillon du régiment qui est envoyé en Nouvelle-France en 1755 pour participer à la défense de la colonie. Aux côtés de la milice canadienne et des nombreuses Premières Nations, les forces françaises tentent de repousser les Britanniques dans leur effort de conquête. Le régiment a été présent dans toutes les grandes campagnes et batailles de l’armée française en Amérique dont la Bataille du fort Chouaguen (Oswego, NY) en 1756, la prise du Fort William Henry (Lake George, NY) en 1757 et la défense du Fort Carillon (Ticonderoga, NY) en 1758. En 1759, les hommes du régiment sont envoyés à différents endroits. Certains sont au Fort Niagara, d’autres sont à l’Isle aux Noix et un dernier groupe participe à la défense de Québec.
Très tôt le matin du 13 septembre 1759, alors qu’une partie du régiment de Guyenne campait à la rivière Saint-Charles, ce sont deux détachements de ce régiment qui sont les premiers à être envoyés sur les Plaines à la rencontre des troupes britanniques débarquées à l’Anse-au-Foulon. Le lieutenant-colonel Louis Restoineau de Fontbonne, commandant du régiment, meurt lors de la bataille des plaines d’Abraham et tous les hommes se retirent vers Montréal avec le reste de l’armée française.
Dans le régiment, on trouve des fusiliers et des grenadiers. Ces derniers constituent généralement l’infanterie lourde – en 1759, ils portent, par exemple, plus de munitions au combat. Leur uniforme est aussi particulier puisque le chapeau, qu’on surnomme aujourd’hui tricorne, est remplacé par un bonnet à poil (Bearskin), un haut chapeau qui se veut la réponse à la mitre portée par les grenadiers de l’armée britannique à cette époque. Le régiment est dissout en 1762.


60th Regiment of Foot, Royal American (depuis 1755)
Ce régiment est créé en 1755, au début de la guerre de la Conquête (1754-1760), par les Britanniques. À l’origine, le régiment était destiné au service en Amérique du Nord. L’armée espérait convaincre des soldats d’origine suisse ou allemande, qui connaissaient bien le travail de l’infanterie légère et les combats en forêt, de rejoindre ce régiment. On voulait également que ce soit une opportunité pour des colons nord-américains de joindre l’armée régulière britannique en bonne et due forme. C’est aussi le premier régiment à recruter dans ses rangs des officiers européens qui n’étaient pas nécessairement des sujets britanniques. Ces officiers avaient en commun qu’ils étaient de confession protestante.
Le régiment a pris part à la campagne contre la forteresse de Louisbourg en 1758 avant d’être déployé près de Québec en 1759. Des soldats du 60th Regiment of Foot ont participé aux batailles des plaines d’Abraham et de Sainte-Foy. En 1760, les hommes du régiment sont envoyés à Montréal avant la capitulation de la ville. Le régiment est aussi déployé pendant la guerre d’Indépendance des États-Unis (1775-1783).
Le régiment est demeuré actif pendant les guerres napoléoniennes en Europe (1803-1815) et pendant la guerre de 1812 en Amérique. Après ces guerres, il est renommé The Duke of York's Own Rifle Corps avant de devenir le King's Royal Rifle Corps en 1830. C’est sous ce nom que le régiment a pris part à de nombreux conflits dont la guerre des Boers et les deux guerres mondiales. Après différentes fusions, le régiment en est venu à être intégré dans les Royal Green Jackets, avant d’être finalement réuni avec les autres régiments d’infanterie, en 2007, dans le grand régiment britannique The Rifles.
Dans le cadre de l’événement 2025, les reconstituteurs sont des soldats évoquant l’époque de la guerre d’Indépendance américaine (1775-1783) qui sont sur les Plaines lors de l’événement de 2025.
84th Regiment of Foot, Royal Highland Emigrants (1775-1784)
Allan Maclean, un officier vétéran de la bataille des plaines d’Abraham de 1759 qui est demeuré en Amérique après la fin de la guerre, reçoit l’autorisation de lever son régiment, nommé Royal Highland Emigrants, dès les premières tensions avec les Treize Colonies en 1775. Les premiers qui répondent à l’appel sont surtout des vétérans de la guerre de la Conquête, notamment des soldats qui servaient dans les 42nd, 77th et 78th régiments, mais Maclean aurait pu recruter des membres de communautés écossaises loyales à la couronne britannique autant dans la vallée du Saint-Laurent que dans certaines des Treize Colonies, comme New York ou les Carolines.
Un premier bataillon est rapidement appelé à servir lors de l’invasion américaine de 1775-1776. Certains des soldats sont d’abord détachés au Fort Saint-Jean, mais ils ne parviennent pas à soutenir efficacement l’armée britannique et se replient rapidement vers Québec. À son arrivée dans la ville, Allan Maclean prend en charge l’organisation militaire de la défense de la ville, comme le déploiement des sentinelles et de la garde. Après avoir aidé les Britanniques à repousser l’invasion, ce bataillon sera surtout déployé près du Lac Champlain et dans la vallée de la rivière Mohawk (New York).
Un second bataillon tombe sous le commandement du major John Small. Après avoir participé au siège de Boston (1775), ses hommes participent à plusieurs affrontements dans les Maritimes. Son quartier général est établi à Fort Edward (Windsor, N-É) et ses hommes servent dans de nombreuses positions britanniques.

Moses Hazen et les origines du 2nd Canadian Regiment (1776-1783)
Le 20 janvier 1776, le colonel Moses Hazen reçoit l’autorisation de lever un régiment extra-continental (Extra Continental regiment) pour soutenir l’effort de l’armée continentale qui défend les intérêts et le territoire des Treize Colonies d’Amérique qui souhaitent s’affranchir de la couronne britannique. Vétéran de la guerre de la Conquête, Hazen profitait d’une pension de l’armée britannique et s’était établi près de Saint-Jean avant d’être arrêté par les autorités coloniales de la Province de Québec sous des soupçons d’espionnage pour le compte des rebelles des Treize Colonies à qui il aurait transmis des informations sur l’état de la Province de Québec.
Mal traité pendant son emprisonnement, Hazen est libéré par l’armée continentale et décide alors d’offrir ses services aux rebelles. Il participe ainsi à la bataille de Québec (31 décembre 1775) où les rebelles subissent la défaite face aux défenseurs britanniques et canadiens de la ville de Québec. À l’hiver 1776, après la défaite, Hazen est envoyé faire rapport des événements au Congrès continental où il obtient une commission de colonel et l’autorisation de lever un régiment de Canadiens prêts à soutenir la cause des rebelles. Ceci explique pourquoi son régiment est parfois surnommé « Congress’ Own ».

De retour près de Montréal au printemps 1776, il supervise pendant un certain temps la défense de la ville, mais il s’embrouille avec le colonel Benedict Arnold. Lors de la retraite de l’armée continentale hors de la Province de Québec à l’été 1776, il se trouve à la tête d’un régiment affaibli dont plusieurs volontaires ont décidé de ne pas quitter leur colonie. Il passe l’hiver à Ticonderoga et réussit à recruter d’autres hommes.
Le régiment a participé aux batailles de Staten Island, Brandywine et Germantown en 1777. En 1778 et 1779, Hazen espère toujours trouver une façon d’envahir le Canada, mais ses projets n’aboutissent jamais. En 1781, il est nommé brigadier général et participe au siège de Yorktown. Le régiment est dissout en 1783.
Ces quatre régiments ne sont que quelques exemples parmi la dizaine de régiments présents sur les Plaines en 2025 lors de l’événement Champs de Bataille.