Défi Les oubliés
Voici quelques anecdotes historiques pour enrichir votre expérience… ou pour justifier quelques petites libertés prises par notre équipe afin de faire coller l’histoire aux énigmes.
Contexte général
Le siège de Québec est la période d’un an entre mai 1759 et 1760 où Français et Anglais s’affrontent pour contrôler la ville de Québec. C’est après de nombreuses escarmouches et trois batailles que les Britanniques gagnent grâce aux renforts venus d’Angleterre en mai 1760. Le Musée des Plaines d’Abraham est dédié principalement à cette période de l’histoire canadienne.
Ce siège est un épisode marquant de la guerre de la Conquête (1754-1760). C’est le nom donné, au Québec, à l’épisode nord-américain de la guerre de Sept ans (1756-1763). Cette guerre se termine par la signature du traité de Paris en février 1763. C’est lors de la signature du traité que les couronnes d’Europe confirment que Québec sera désormais une ville britannique.
La Batailles des plaines d’Abraham du 13 septembre 1759 est la seconde bataille du siège de Québec (après la bataille de Montmorency, le 31 juillet 1759). Elle a marqué l’imaginaire collectif puisqu’elle n’aurait duré qu’environ 30 minutes. Les deux généraux commandant les troupes, Louis-Joseph de Montcalm et James Wolfe, meurent des blessures reçues lors de la bataille. La troisième et dernière bataille du siège est la bataille de Sainte-Foy (28 avril 1760).
Les plaques que vous avez croisé durant le jeu présentent une idée générale d’où se trouvaient une partie des régiments lors de la batailles des Plaines d’Abraham, le 13 septembre 1759. Il faut comprendre que les armées s’étendaient sur l’ensemble du promontoire, en faisant des lignes de près d’un kilomètre. Sur les plaines d’Abraham actuelles, on ne trouverait que la droite de l’armée française et la gauche de l’armée britannique.
Le champ de bataille de 1759 s’étend vers le nord jusque dans le secteur de l’actuel boulevard René-Lévesque et suit approximativement le tracé en haute-ville de l’actuelle rue Salaberry. Celui de 1760 suit à peu près le tracé de l’avenue des Braves.
Les personnages principaux
George Garneau est bel et bien le premier président de la Commission des champs de batailles nationaux. Garneau occupe ce poste de la fondation de 1908 à 1939. La création de la CCBN coïncide avec le Tricentenaire de Québec. Garneau agissait aussi à titre de maire de Québec à cette époque, un poste qu’il occupe de 1906 à 1910.
Autant que l’on sache, Garneau n’a pas mené d’enquête secrète sur sa famille et leur rôle dans les événements du siège de Québec, même si la mission de la CCBN était bien de protéger et mettre en valeur les champs de bataille de 1759 et 1760.
François Daine est né en 1695 à Saint-Rémi de Charlesvilles, en France. Il deviendra lieutenant général civil et criminel de la Prévôté de Québec. Il participera à l’attaque de Pointe-Lévy le 12 juillet et sera notamment en charge de la Justice durant le siège de Québec. À ce titre, il devait faire respecter la justice et superviser les châtiments réservés aux criminels dans la ville de Québec assiégée en 1759. Il n’a pas entamé d’enquête comme celle que vous avez élucidée.
Daine n’aurait pas été en charge du recensement de la population de Québec après les combats. Sous le régime français, la responsabilité des recensements revenait à l’intendant qui demandait l’aide des seigneurs. Le premier recensement britannique a été effectué par le gouverneur Murray en 1765, probablement avec l’aide des curés des paroisses.
Les énigmes
Énigme 1
L'OUBLIÉ :
Louis Restaurant (parfois Restoineau) de Fontbonne sera enterré le jour même de la bataille. Sa sépulture est probablement directement sur les champs de bataille avec d’autres soldats tombés au combat. Il n’aurait donc pas été enterré au cimetière de l’Hôpital général de Québec. Il a mené une vie de soldat, restant toute sa vie un homme célibataire. Il est tué durant la bataille, supposément dans la première décharge des Britanniques.
PERSONNES D'INTÉRÊT:
Laurent-François Lenoir, Marquis de Rouvray s’est démarqué lors de l’attaque de l’Anse-aux-Foulons par la défense qu’il commandera malgré la capture du capitaine de Vergor, son supérieur. Il possédait le rang d’enseigne pour le régiment de la Sarre. Il est blessé pendant le siège. On n’a aucune preuve qu’il ait été bon ami avec Fontbonne.
Sœur Sainte-Élisabeth, de son nom laïc Marie-Thérèse Adhémar de Lantagnac, dirigeait un poste d’aide mobile pour les blessés et réfugiés lors du siège de Québec. Rien ne laisse croire qu’elle ait réellement participé à l’enterrement de Fontbonne ou soigné Laurent-François, le Marquis de Rouvray.
Les drapeaux utilisés dans cette énigme sont les véritables drapeaux des régiments français déployés en Nouvelle-France en 1759.
Énigme 2
L'OUBLIÉE :
Marie-Françoise Bélanger a pu revoir son mari, Jean-Baptiste Fortin, après la guerre. Il fut vraisemblablement emprisonné en Angleterre par les Britanniques jusqu’à la fin des années 1760. Il reviendra à l’Islet et y sera enterré aux alentours de 1770. Fait particulier, sans nouvelles de son mari, Marie-Françoise le fait déclarer mort et liquide ses avoirs en 1764 avec l’aide de son fils aîné.
Le certificat de mariage utilisé dans l’activité n’est pas un vrai. Il est cependant inspiré du genre de certificat de mariage qui pouvait exister à cette époque et nous l’avons simplifié pour les besoins du jeu. La lettre d’amour est entièrement fictive.
Nous n’avons pas pu identifier le moment exact de la capture de Jean-Baptiste Fortin par les Britanniques. On suppose que c’est pendant le siège de Québec, soit pendant les expéditions britanniques qui brûlent la Côte-du-Sud, soit pendant une des batailles de 1759.
PERSONNES D'INTÉRÊT :
Eleanor Job a en effet embaumé le général Wolfe après son décès sur les plaines d’Abraham. C’est une civile qui était aussi une infirmière. Elle ne prenait pas de boutons des uniformes des soldats qu’elle ne pouvait sauver, ni de messages des patients qu’elle guérissait. Ceci est une liberté prise pour l’activité.
Elle accompagnait vraisemblablement son mari, un gunner (artilleur) du Royal Artillery, durant la campagne de Québec. Il aurait trouvé la mort durant le siège, la laissant veuve. Elle retournera en Angleterre et mourra en 1823. Au temps du siège, en 1759, on estime qu’elle avait 46 ans.
Les uniformes présentés dans ce jeu sont les véritables uniformes des troupes britanniques présentes à Québec. Le tricorne ne porte pas ce surnom avant le milieu du 19e siècle. À l’époque du siège de Québec, c’est tout simplement un « chapeau ».
Énigme 3
L'OUBLIÉ :
Pierre-Gervais Voyer était vraisemblablement au mauvais endroit au mauvais moment et a sans doute été tué par un Highlander poursuivant l’armée française après la bataille. La dépouille de Voyer a été trouvée par le milicien Joseph Trahan dans la boulangerie construite par Voyer sur le bord de la rivière Saint-Charles.
Un de ses fils, Charles Voyer, donne naissance à Catherine-Oliviette Voyer, qui donnera naissance à Cecile Burroughs, la mère de George Garneau, premier président de la Commission et maire de Québec de 1906 à 1910.
PERSONNES D'INTÉRÊT :
François Prosper, chevalier de Douglas a bel et bien existé, mais il n’avait aucun intérêt connu pour l’astronomie. L’attaque du campement de Robert Monckton, à la Pointe-Lévy, se déroule non pas dans la nuit du 12 au 13 septembre, mais plutôt dans la nuit du 12 au 13 juillet 1759, alors que les bombardements n’ont pas commencé.
Le major Jean-Daniel Dumas commande l’expédition de juillet contre le camp de Pointe-Lévy. Le détachement commandé par Dumas comprenait notamment des étudiants du Séminaire dont le groupe reçu le surnom de « Royal Syntaxe ».
Les informations fournies sur l’astronomie sont toutes inspirées de véritables informations astronomiques connues au 18e siècle. Les codes associés aux différentes planètes sont inspirés des codes utilisés depuis plusieurs centaines d’années pour identifier les planètes.
George Garneau n’avait pas de plan pour un cadran solaire ou un observatoire. En fait, des observations astronomiques étaient menées sur les Plaines depuis 1864, bien avant la création du parc. Cet observatoire sera en fonction jusqu’en 1936 et était situé près de l’actuel kiosque Edwin-Bélanger. Du début des années 1940 jusqu’en 1962, un nouvel observatoire sera aménagé au toit de la tour Martello 1. Finalement, le cadran solaire qui est encore sur les Plaines a été inauguré en 1987 pour commémorer l’histoire de la recherche scientifique et astronomique sur le site.
Énigme 4
L'OUBLIÉ :
Atiatonharongwen a été adopté avec sa mère par des mohawks de Kahnawake après un raid sur son village alors qu’il avait 5 ans. Officiellement, il a participé à la défense du fort Duquesne (1755) et Carillon (1758) ainsi qu’à la Bataille de Sainte-Foy (1760). On ne sait pas où il était en 1759.
Sa carrière est assez impressionnante. Il prendra part à la guerre d’Indépendance des États-Unis et deviendra le premier lieutenant-colonel de naissance autochtone et afro-américain de l’armée continentale. À partir de ce point, il sera aussi connu par le nom de Joseph Louis Cook. Il mourra à 74 ans lors de la bataille de Lundy’s Lane, durant la guerre de 1812
Les marques des frères d’armes d’Atiatonharongwen sont inspirés des signatures des chefs présents lors de la signature de la Grande paix de Montréal, en 1701. Ces symboles représentent donc les chefs ou représentants de nombreux groupes autochtones ou nations. Atiatonharongwen n’était pas le seul guerrier des premières nations présent lors du siège de Québec, bien au contraire. La France avait développé un système d’alliance avec plus de 30 nations. C’est une référence à la diversité de ces nations.
Énigme 5
L'OUBLIÉ
Hunt Walsh va servir en tant que lieutenant-colonel pour le 28th Regiment, communément appelé Bragg’s, qui s’est trouvé à la droite de l’armée britannique lors de la bataille des Plaines d’Abraham. Il est décédé avec le grade de général de l’armée britannique le 28 février 1795, à l’âge de 75 ans.
Le prénom « Hume », qu’on retrouve sur le monument, est vraisemblablement une erreur. Hunt Walsh a connu une longue carrière militaire et politique. Il a mis la main sur le lot 11 à l’Île du Prince Édouard (lors de la loterie des terres de 1767) et a siégé à la chambre des communes irlandaise.
PERSONNE D'INTÉRÊT :
Gordon Skelly n’a pas pu voir la promotion de Hunt Walsh au rang de général, en 1793. Sans doute serait-il mort noyé en 1771 à Shields, dans le Yorkshire, alors qu’il commandait un navire de la Royal Navy. L’idée de reconstituer une bataille et des mouvements de troupes dans une partie de cartes est une liberté prise pour l’activité.
Le journal du siège de Skelly fut acheté aux enchères par un collectionneur privé en 2003. Le propriétaire a gardé l’anonymat depuis l’achat du journal. Hormis quelques extraits, aucun historien n’a pu transcrire ou analyser ce texte. Autant que l’on sache, Skelly n’a pas participé à la bataille, mais il aurait participé au débarquement nocturne de l’Anse-au-Foulon. Tant que son journal ne sera pas accessible au public, nous ne pouvons toutefois que spéculer sur les propos exacts de celui-ci.
Énigme finale
L’arbre généalogique de Garneau est une simplification d’une partie de son arbre généalogique. Garneau serait donc un véritable descendant de Voyer.
Le buste de Georges Garneau est installé à cet endroit le 7 septembre 1958, lors du 50e anniversaire de la CCBN, pour souligner la contribution du premier président au développement du parc. Il est placé sur le champ de bataille et est entouré de l’avenue Garneau.