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Monument Wolfe

Site accessible

Ce monument se trouve à l’endroit traditionnellement reconnu comme celui de la mort du général Wolfe lors de la bataille du 13 septembre 1759. Sur son socle, des plaques commémoratives rappellent l’événement et l’histoire de ce lieu de mémoire.

Le premier monument Wolfe

Le premier monument à cet endroit aurait été une pierre que des soldats dévoués auraient roulée à l’endroit où Wolfe a trouvé la mort. En 1790, le major Samuel Holland, arpenteur général de la province, marque le lieu par un repère géodésique. La sobriété de ces premières commémorations s’explique par la volonté des autorités britanniques de ne pas « honorer trop publiquement la mémoire de Wolfe de peur de heurter une population pour qui le souvenir de 1759-1760 n'était déjà que trop pénible ».

Or, certains Anglais déplorent que leurs compatriotes ne témoignent pas plus de respect envers leur général victorieux. Avant 1827, seule une petite statue exposée au coin des rues Saint-Jean et du Palais rappelle sa mémoire. Après cette date, un obélisque est érigé dans le jardin des Gouverneurs par le gouverneur Lord Dalhousie. Exceptionnellement, le monument rend hommage aux deux généraux tombés, Wolfe et Montcalm, dans le but d’améliorer les relations entre Canadiens et Anglais. Ce geste n’est toutefois pas suffisant pour assouvir le besoin des Anglais de commémorer celui qu’ils considèrent comme un héros de l’Empire.

En 1832, lord Matthew Whitworth Aylmer, gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique, tente de régler le problème en remplaçant le repère détérioré qui marque le lieu du trépas de Wolfe sur les Plaines par un véritable monument, une colonne tronquée portant l’inscription : 

Here died Wolfe victorious - September XIII – MDCCLIX

Monument Wolfe

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La montée du nationalisme

En pleine montée du mouvement nationaliste, quelques années seulement avant la révolte des Patriotes, le monument acquiert une grande portée symbolique. 

Le pouvoir de ce symbole sera d’ailleurs à l’origine de la détérioration prématurée du monument. Il était d’usage à l’époque que les visiteurs apportent un souvenir de la visite du lieu sous la forme de morceaux de la colonne. En 1849, la détérioration est telle que le monument doit être remplacé. On lui substitue donc une colonne dorique surmontée d'un casque et d'une épée. Celle-ci est un don de l’armée britannique en poste à Québec. On conserve la plaque de 1832 et on en installe une deuxième. Cette fois, on entoure ce monument d’une clôture de fer hérissée de pointes pour le protéger des visiteurs. Détérioré par plus d’un demi-siècle d’intempéries, ce monument est remplacé en 1913. La Commission des champs de bataille nationaux commande une reproduction en granit de la colonne, mais conserve les plaques et les pièces de tête. On y ajoute une troisième plaque, sur laquelle est décrite l’histoire des monuments précédents.

La valeur symbolique du lieu est réaffirmée avec la montée du nationalisme québécois dans le tumulte des années 1960. Pour plusieurs Canadiens français, le monument Wolfe est érigé à la mémoire de la défaite du peuple canadien-français et est 

le symbole de [son] écrasement au rôle d’éternelle minorité[…]comme une insulte à [sa] dignité. 

Dans la nuit du 29 mars 1963, le monument est renversé et détruit dans un geste d’éclat qui contribue à faire connaître un nouveau groupe extrémiste : le Front de libération du Québec (FLQ). Le 24 mai 1965, le jour de la fête de la Reine, au moment où des milliers d’émeutiers se rassemblent au parc Lafontaine à Montréal, le socle du monument Wolfe est vandalisé avec de la peinture.
 

Une grande portée symbolique

La ré-érection du monument Wolfe, différée jusqu’en 1965, engage malgré elle la Commission des champs de batailles nationaux dans le débat politique et linguistique. Avant 1963, les plaques commémoratives qui se trouvent sur son socle étaient rédigées en anglais seulement. Celles-ci sont dérobées quelques mois après la démolition du monument. Lorsqu’un cinquième monument est érigé en juillet 1965, on y accole de nouvelles plaques bilingues, l’année même où la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (Commission Laurendeau-Dunton) dépose son rapport préliminaire. Sur ces nouvelles plaques, on omet le mot « Victorious » qui suivait « Here Died Wolfe », « parce que ce mot pouvait sembler chatouilleux à certains groupes de citoyens ». 

Cette omission soulève la controverse dans la communauté anglophone, qui déplore que l’on veuille priver Wolfe de sa victoire. Jusqu’à la Chambre des communes, on accuse le gouvernement de mollesse.

Les différentes controverses qui ont entourés l’histoire du monument Wolfe témoignent de sa grande portée symbolique. Plus qu’un lieu de mémoire, le monument est à la fois un lieu de réconciliation et d’affrontement où se sont exprimés, au gré des contextes propres à chaque époque, les rapports conflictuels ou harmonieux entre les héritiers des deux armées qui se sont affrontés sur les Plaines.